3 juin 2009

14h Tallinn: manifestation à Toompea

La Confédération des Syndicats estoniens organise aujourd'hui à 14h une manifestation à Toompea, en face du Parlement estonien, afin de protester contre le gel de l'augmentation de l'allocation chômage prévue dans le New Employment Contracts Act censé entrer en vigueur le 1er Juillet 2009.

La loi a été votée en Décembre dernier, date à laquelle le Gouvernement niait toujours et encore l'état de crise dans le pays et qui explique cette grossière erreur.

Pourquoi grossière?
D'une part, cette mesure créé le mécontentement des travailleurs et réveille les Estoniens: "le gouvernement ignore aveuglément les intérêts des travailleurs".

D'autre part, cette mesure proposée par le parti dirigeant et fortement soutenue par Andrus Ansip afin de réduire les dépenses budgétaires et remplir les conditions d'accès à l'euro a été rejetée par un des membres de la coalition à 3, les Sociaux Démocrates, maintenant expulsés et probablement remplacés par le parti Estonian People’s Union.
Cette mini-crise politique a failli conduire à la démission du PM (demandée du bout des lèvres par le Président) et montre les limites démocratiques de la politique à l'estonienne: "vous n'êtes pas d'accord avec nous, merci au revoir, on va vous remplacer"!

Enfin, et c'est le point le plus inquiétant, cela nuit à l'économie estonienne. Les ressources utilisées pour parvenir à un accord ne sont pas utilisées pour remédier à la crise. Le temps est précieux et l'euro si convoité par le Premier Ministre semble s'éloigner de plus en plus.

Une grève nationale est également prévue le 16 Juin prochain. La manifestation d'aujourd'hui en dira plus sur les intentions des syndicats de rejoigndre le mouvement.

2 juin 2009

La dévaluation en Lettonie débattue

D'après Bloomberg

Bengt Dennis, ancien directeur de la banque central suédoise et conseiller "spécial crise" du Gouvernement letton a déclaré que le pays aura besoin de dévaluer sa monnaie.

"Personne ne sait si cela aura lieu demain ou dans quelques mois et nous sommes passés au-delà de la question de savoir si oui ou non il faut dévaluer. Il faut maintenant se concentrer sur la façon dont cela va se produire" a-t-il précisé à la télévision suédoise SVT.

L'économie lettone a plongé de 18% au 1er trimestre 2009, obtenant ainsi la pire performance européenne de ce début d'année. Le Gouvernement fait tout ce qui est en son pouvoir pour réduire ses dépenses afin de continuer à recevoir l'aide si précieuse du FMI (le contrat prévoyait une contraction de 12% du PIB cette année, or elle pourrait dépasser 18%).

Le Premier Ministre letton, Dombrovskis, apporte son commentaire et ajoute que les propos de Dennis sont ceux "d'un expert, une opinion personnelle", détachée du travail de groupe auquel il prend part au sein du Gouvernement. Il ajoute que ces commentaires sur la dévaluation ne constituent pas "la position du Gouvernement de Lettonie".

Moins couteux
"Cette annonce de la part de Dombrovskis confirme une fois de plus que le gouvernement reste fermement attaché à préserver un taux fixe" déclare Yarkin Cebeci, économiste à JPMorgan Chase & Co. Avec quelques mesures fiscales, cela reste pour le moment moins couteux, sur le plan économique et politique, qu'une dévaluation.

Les actifs des banques suédoises SEB et Swedbank soufriraient fortement en cas de dévaluation puisque ces établissements ont prêté en euros alors que les emprunteurs perçoivent leurs revenus en lati. Le remboursement des dettes serait alors difficile pour certains, impossible pour beaucoup d'autres.

Dans les pays baltes, la valeur des prêts de SEB représente 22 milliards $ (166 milliards de SEK), soit 13% de ses prêts totaux. Swedbank, elle a prêté plus de 200 milliards de SEK à la région.

Le débat sur la dévaluation
Il semble désormais plus ouvert que jamais.
Le gouvernement letton poursuit sa politique de coupes budgétaires afin de restaurer la compétitivité du pays et rééquilibrer l'économie tout en conservant un taux fixe avec l'euro (avec une marge de fluctuation autorisée de +/-1%). Cependant, il semble que la piste de la dévaluation, si longuement ignorée, soit aujourd'hui envisagée et même débattue.

Le Ministre de la Justice Mareks Seglins a déclaré que le gouvernement devait se réunir pour discuter d'une dévaluation du lats et surtout afin d'estimer les gains et pertes en cas de réajustement de la valeur de la monnaie nationale.

Il calme cependant jeu: "Je ne demande pas et ne dis pas que le lats sera dévalué, mais il doit y avoir débat".

29 mai 2009

La TVA bientôt à 20% en Estonie?

Le Gouvernement étudie, dans le cadre de son vaste plan d'économies, la possibilité d'augmenter le taux de TVA.

Actuellement de 18%, il pourrait passer à 20% dés le 1er Juillet de cette année et permettrait de récupérer 800 millions d'EEK supplémentaires en 2009.

Les analystes présentent de leur côté les risques de l'augmentation de ce taux et particulièrement les effets sur l'inflation qui est estimé à 1,6% pendant 2 ans. Or, le taux d'inflation est un des critères d'entrée dans la zone euro...

Les critiques portent également sur l'exemple du voisin letton qui avait revu son taux de TVA à la hausse mais cela n'avait pas permis de générer de revenus supplémentaires.

En effet, une conséquence directe de l'augmentation de la TVA est l'augmentation des prix et donc une potentielle baisse de la consommation. Or, on ne peut pas dire que le niveau de consommation actuel soit au beau fixe en Estonie.

Une nouvelle fois, ce sera au gouvernement de choisir entre le "tout pour l'euro" (qui semble de plus en plus inaccessible) et la santé économique de l'Estonie.

Que rapporter d'Estonie selon les Finlandais?

Les Filandais sont nombreux à venir à Tallinn. Le trajet depuis Helsinki en ferry est tellement court que certains osent appeler Tallinn "la banlieue d'Helsinki".

Comment reconnaitre un touriste finlandais au terminal? Facile: il transporte en général quelques packs de bière, de vodka et des cigarettes. C'est en tout cas ce que les statistiques démontrent.

D'après la douane finlandaise, la quantité d'alcool rapportée d'Estonie par des touristes finnois a augmenté de 8% en un an contre +16% pour les cigarettes.

Cela représentait 2 millions de litres d'alcool pur et 250 millions de cigarettes en 2008 "importés" par les touristes finlandais.

L'Estonie choisit le schiste bitumineux

Eesti Energia a décidé de construire une usine de production d'huile de schistes dans l'est du pays près de Narva pour un coût d'environ 190 millions d'euros. Celle-ci sera couplée à deux unités de 2x400 MW de production d'énergie.

Ce projet, s'il est censé soutenir l'économie régionale et créer de nouveaux emplois, va plonger un peu plus l'Estonie dans la dépendance "bitumineuse".

Certes le schiste bitumineux est une importante ressource mais la pollution engendrée par sa combustion est élevée (sans parler des cendres) et couteuse. L'Europe a en effet mis en place des quotas CO2 que l'Estonie dépasse allègrement. Non sans mal puisqu'il y a des conséquences financières pour les pays n'obéissant pas aux règles. L'Estonie doit se procurer ces quotas supplémentaires auprès d'autres pays, qu'elle doit bien sûr payer!

Les conséquences écologiques de la combustion des schistes bitumineux sont évidemment importantes. CO2 mis à part, les centrales existantes produisent 4,5 millions de tonnes de cendres par an.

Un système interne de récupération de ces cendres est utilisé et nécessite un nettoyage à l'eau. L'eau usagée est conservée dans des bassins spéciaux. Quant aux cendres, hautement alcalines, elles sont accululées pour former une colline (un peu comme nos terrils), enfin des collines. sur lesquelles il est possible de skier en hiver.

Quant au système de refroidissement de la centrale, il a besoin de l'eau provenant de la rivière Narva arrivant au complexe par l'intermédiaire de 2 canaux.