D’après la Convention de New York du 28 Septembre 1954, le terme « apatride » s’applique « à toute personne qu'aucun État ne considère comme son ressortissant par application de sa législation ».
Pour faire simple, un apatride est une personne dépourvue de nationalité légale.
En Estonie, ils sont nombreux, postés à la frontière russo-estonienne de Narva, à posséder un passeport « gris ». Ils ne sont ni Russes ni Estoniens, ils ne sont « personne », pour reprendre les mots d’une apatride interviewée par notre-estonie.fr (voir vidéo ci-dessous).
Le problème n’est pas récent, il date de l’indépendance de l’Estonie en 1991. Les Russes résidant en Estonie avaient alors hérité d’un passeport ne leur accordant pas la citoyenneté estonienne mais ne leur permettant pas non plus de se rendre à leur guise en Russie…
Cette année, le Ministère de l'Intérieur estonien annonce que le nombre d’apatrides devrait passer sous la barre des 100 000 personnes (rappelons que l’Estonie compte 1,4 million d’habitants). Il s’établit actuellement à environ 101 000 contre 110 000 il y a un an.
La tendance est donc positive et semble confirmer que les divers efforts mis en place par le gouvernement ont porté leurs fruits: les campagnes publicitaires mettant en avant les avantages de la citoyenneté estonienne, ou encore les cours de langue estonienne dans les écoles de l’Ida Virumaa notamment...
Il faut en effet maitriser correctement l’Estonien pour se voir accorder la nationalité estonienne.
L’intérêt pour la citoyenneté estonienne serait-il en train de renaître ?
Probablement en partie grâce à ces différentes mesures et l’apaisement relatif des tensions russo-estoniennes depuis l’épisode du soldat de bronze.
Mais, malgré les annonces du Ministère de l’Intérieur, il est toutefois sage de regarder tout cela de plus près.
Rappelons ainsi que la Russie recrute autant, sinon plus d’apatrides que l'Estonie. En Novembre 2008, on comptait plus de nouveaux Russes que de nouveaux Estoniens.
Par ailleurs, d’après des statistiques publiées plus tôt cette année, le nombre réel de nouveaux citoyens en 2010 n’était que de 1 184...
Les raisons principales du recul du nombre d’apatrides sont donc à chercher du côté des flux migratoires et d’autres facteurs démographiques (décès par exemple) plutôt que d’un intérêt soudain pour la nationalité estonienne
On peut donc s'inquiéter quant à la baisse rapide du nombre de personnes désirant obtenir la citoyenneté estonienne. En 2005, 7 072 habitants de l'Estonie l'ont demandée, en 2007 ce nombre est tombé à 4 229 personnes, en 2008 elles n'étaient plus que 2 124, tandis qu'en 2009 le nombre de demandes n'atteignait que 1 670. Enfin en 2010, seules 1 184 personnes ont fait la démarche, soit le chiffre le plus bas depuis la restauration de l'indépendance du pays en 1991.
19 janvier 2011
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L'Estonie n'a-t-elle pas, comme en Lettonie, un statut de non-citoyens?
Stricto sensu, un non-citoyen a un passeport Letton, est protege par l'Etat letton, mais sans avoir tous les memes droits que les citoyens lettons, ce qui semble etre le cas egalement en Estonie. Il n'est pas un apatride selon les termes de la Convention de New York de 1954.
Ceci dit, quand on compare les inconvenients du statut de non-citoyen (pas de droit de vote, certaines professions fermees) et les avantages (pas de service militaire, pas besoin de visa pour entrer en Russie), et que l'on voit, tout au moins a Riga, que l'on peut vivre en ne parlant que le russe, je ne suis pas sur que la citoyennete lettone (ou en l'occurrence estonienne) soit tres attrayante.
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