22 février 2009

Une centrale nucléaire pour l'Estonie?

Alors que la Lituanie est censée se débarrasser de sa centrale nucléaire d'Ignalina (construite sur l'ancien modèle de Tchernobyl mais pourtant restaurée et remise aux normes) et que les 3 pays baltes avaient entamé il y a quelque temps des discussions à propos de la construction d'une nouvelle centrale, l'Estonie semble se forger son propre destin.

En effet, le gouvernement estonien est sur le point de prendre une décision importante concernant l'indépendance énergétique du pays. La tourbe extraite dans le nord-est du pays sert aujourd'hui à produire une bonne partie de l'électricité estonienne. Cependant, celle-ci est limitée, coûteuse et surtout polluante !
La construction de la première centrale nucléaire en Estonie, en voie de concrétisation, pourrait être une réponse à ce problème. Le projet de construction est pour 2023.

L'Estonie, cherchant sa voie dans le cyclone de la crise et bénéficiant d'une image plutôt écologique (à tort!) au niveau international, aurait pu se spécialiser dans les énergies renouvelables et pourquoi pas montrer le chemin de l'indépendance énergétique via un autre moyen que le nucléaire. A quand la construction d'un immense parc éolien dans la Baltique ou sur la côte nord? Le nucléaire est certes peu polluant (sans compter les déchets radioactifs...) et beaucoup plus efficace mais quitte à s'engager dans quelque chose, autant penser sur le long terme. Le manque d'uranium va arriver de plus en plus rapidement puisque de nombreux pays choisissent ou retournent au nucléaire après l'avoir abandonné.

Dans une étude préliminaire, l'entreprise publique Eesti Energia a choisi plusieurs sites possibles pour un réacteur nucléaire sur la côte nord du pays offrant des possibilités d'obtenir l'eau nécessaire au refroidissement de celui-ci. Le coût prévisionnel de ce projet n'a pas été communiqué.

Les lieux proposés sont:
- La baie de Suur-Pakri (près de Paldiski, ancien port militaire abritant des sous-marins nucléaires)
- La baie de Keibu (Noarootsi - au nord-ouest)
- Cap Telise (Noarootsi - au nord d'Haapsalu)
- La péninsule de Letipea (côte nord-est)
- Tursamäe (près de Silamäe, un autre ex-site nucléaire soviétique)

Rappelons que l'an dernier, Nicolas Sarkozy avait proposé à Toomas Hendrik Ilves, son soutien en matière d'énergie nucléaire civile, vantant au passage les mérites de la France dans ce domaine. Affaire à suivre.

8 commentaires > Laisser un commentaire :

Anonyme a dit…

La Lituanie sait depuis 1999 qu'elle doit fermer le second reacteur de la centrale nucleaire d'Ignalina le 31 Decembre 2009, car c'etait la condition sine qua non pour entrer dans l'UE. Le premier reacteur a ete ferme en 2004.

Aujourd'hui, 23 Fevrier 2009, soit dix ans plus tard,l'appel d'offre pour une nouvelle centrale, qui alimenterait les 3 Etats Baltes et la Pologne, n'est toujours pas lance! On achoppe sur la quantite d'energie a fournir a chaque Etat participant, notamment a la Pologne. On peut donc comprendre que certains Etats comme l'Estonie (mais aussi le Belarus qui etait alimente par le premier reacteur) decident de faire cavalier seul.

Je ne polemiquerai pas sur les avantages de telle ou telle source d'energie. Toutefois, quand je vois les degats faits a l'environnement dans l'arriere-pays de Palanga (cote baltique lituanienne) par ces horribles eoliennes (sans parler de l'Allemagne du nord), je me dis qu'il y a peut-etre d'autres energies durables moins polluantes. Et on pourrait commencer a apprendre a nos concitoyens d'ex-URSS a faire des economies d'energie ......

Anonyme a dit…

Je suis entièrement d'accord avec cette dernière remarque. Quelques économies de bon sens seraient déjà un grand pas vers une moindre consommation et une moindre dépendance extérieure.
A-t-on besoin d'appartements vides chauffés à 26 degrés toute l'année ?

GF a dit…

également d'accord, les gestes citoyens de base ne sont pas connus, il n'a pas non plus d'infrastructures pour entamer une vraie politique de recyclage.

Quant aux énergies "vertes", la seule solution pour l'Estonie est a priori le vent et donc les éoliennes. Pas de fleuve assez puissant pour construire un barrage (pas une bonne solution pour l'environnement de toute façon) et pas assez d'ensoleillement pour des panneaux solaires. Reste l'énergie éolienne.

Pour certains, cela peut détériorer le paysage mais le bilan écologique est excellent (quels dégâts écologiques?). Pour avoir été de nombreuses fois en Espagne mais aussi entre Copenhague et Malmö, on ne peut pas dire que cela enlaidisse les alentours. Je trouve plutôt cela spectaculaire un grand champ de girouettes.
En plus l'hiver ça ne se voit pas :) :
http://www.citedurable.com/partners/citedurable/cacheDirectory/HTMLcontributions/img/eolienne%20neige.jpg

Marianne a dit…

Oui, en Galice aussi ,il y a des quantités "astronomiques " d'éoliennes au sommet des montagnes , et je ne trouve pas ça laid non plus . De plus , ils ont fait attention de ne pas en mettre près des habitations , ce qui pourrait être génant , bien sûr !
Quant aux dégâts écologiques ,Gilles veut peut être parler de ce qui se passe lors de la construction de ces éoliennes , par ex en mer ,de la destruction du milieu marin, faune et flore .
Bien sûr , mais ce milieu va finir par se reconstituer au fil des ans , ce n'est pas une destruction définitive !
Je suis moi aussi plus d'accord avec une énergie produite par des éoliennes qui ne polluent pas que par une centrale nucléaire qui produit des déchets dangereux dont on ne sait plus quoi faire .
De toutes façons, il faut bien faire un choix , et pour moi, le moins polluant sera le meilleur . Le mieux , ce sont les panneaux solaires , mais faut -il vivre encore dans un pays chaud !
Marianne

GF a dit…

encore faut-il qu'il y ait une faune et une flore maritime... ce qui n'est plus le cas depuis longtemps dans la Baltique!

Marianne a dit…

C'est vrai , j'avais oublié que la Baltique est presque une mer "morte", en tous cas qui a de graves problèmes de pollution .Il y a toujours une faune et une flore , mais beaucoup de poissons sont contaminés par des métaux lourds et des polluants organiques !

On s'éloigne un peu de ton sujet initial "une centrale nucléaire pour l'Estonie ", mais cela m'a donné envie de chercher des infos sur la mer Baltique et ce que j'ai trouvé sur cette mer presque fermée est peu rassurant :
"La mer Baltique a été un important champ de bataille lors de la Première Guerre mondiale et lors de la Seconde Guerre mondiale, qui ont toutes deux laissé des séquelles environnementales et historiques graves. Non seulement de nombreux navires y ont coulé avec leurs charges toxiques de munitions, mais après ces deux guerres, des centaines de milliers de tonnes d’obus conventionnels et chimiques rassemblés en Europe y ont été immergés.
Ce sont ensuite les fleuves côtiers des pays baltes qui amènent une pollution considérable, notamment d’origine agricole et industrielle, y compris radioactive, avant que le nuage de Tchernobyl ne survole et contamine cette zone. De nombreux foies et reins de poissons et mammifères marins dépassent les teneurs réputées admissibles pour plusieurs métaux lourds, et on trouve de nombreux polluants organiques dans leur chair. La Baltique contient une zone morte parmi les plus importantes au monde, qui s’est formée en moins de 10 ans dans la région du Skagerrak."

Mais par ailleurs ,j'ai aussi trouvé un article plus rassurant et intéressant sur l'écosystème la mer Baltique ,dans lequel il est dit qu'il est possible d'y rétablir un écosystème normal. Peut-être un espoir pour sauvegarder l'environnement de la mer Baltique ?
http://www.novethic.fr/novethic/v3/article.jsp?id=117937

Anonyme a dit…

Précisons sans doute que cette centrale est envisagée à l'horizon 2023, donc pas pour tout de suite, et qu'elle n'est qu'une hypothèse parmi d'autres, la principale difficulté étant qu'il n'existe pas sur le marché mondial de réacteur d'une capacité aussi faible que ce dont a besoin l'Estonie (500 à 600 mégas).

Par ailleurs, ça n'est pas la tourbe qui assure l'indépendance énergétique de l'Estonie, mais les schistes bitumineux, qui fournissent environ 93% de l'électricité produite dans le pays ; et le problème n'est pas le caractère limité de la ressource (on en a pour au moins 60 ans, et peut-être 100 ans), mais le fait que cette source d'énergie soit extrêmement polluante (Sox, Nox, cendres, etc.) et donc de moins en moins rentable dans un contexte Kyoto, paquet énergie-climat, etc.

Enfin, il y a quelques temps déjà qu'on est revenu de l'éolien, qui ne peut constituer au mieux qu'une énergie d'appoint. Par définition, les éoliennes ne fonctionnent pas en permanence, ce qui crée des problèmes lourds de stabilité du réseau: en clair, on ne peut pas cesser de s'éclairer ou de faire fonctionner les machines d'une boîte dès qu'il n'y a plus de vent. Il faut donc toujours une autre source d'énergie en back-up.

GF a dit…

oui effectivement il manque la date de projet qui est bien 2023. Merci Remo!

Quand à l'erreur sur la tourbe, cela vient de ma mauvaise traduction depuis l'anglais :o

En effet, les schistes bitumineux sont très polluants et certains pays y avaient eu recours lors de la flambée des cours du pétrole car ils sont souvent couteux à extraire, mais rentables lorsque le baril atteint 100$ ou plus/

"on en a pour au moins 60 ans, et peut-être 100 ans": elle est donc bien limitée :) ok je chambre un peu là..

L'idée de l'éolienne était, avant de penser au nucléaire, de se substituer au schiste notamment en été lorsque les besoins en énergies sont plus limités.

J'ai lu récemment que Eesti Energia voulait stopper cette centrale en été car elle n'est pas rentable. Alors pourquoi pas l'éolien comme énergie alternative?

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